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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/350

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de persuasion, et Mlle de Maurignan regretta plus vivement que jamais de ne pouvoir, par amitié pour miss Dream, le remplacer par un autre.

L’incident occupa toute la conversation au dîner. Aline s’étonnait et s’attristait de tels obstacles ; Paul faisait remarquer que toute innovation en doit rencontrer, car aucun ordre de choses ne peut exister qui n’ait ses intérêts, ses passions, ses préjugés, son organisme enfin, destiné à le soutenir, à le perpétuer s’il est possible, et à le défendre en cas d’attaque.

« C’est en raison, disait-il, de cette puissance multiple et infinie de création en tous sens, que possède la vie, que le monstre a sa force aussi bien que l’ange, et que le faux, l’informe, l’injuste, ne cèdent pied qu’après combat. Aussi faut-il, pour accomplir toute réforme, outre l’amour du bien, une invincible résolution.

— Nous l’aurons », dit Aline.

Miss Dream, partageant les idées de M. Rongeat, alléguait la difficulté, le danger, l’imprudence…, tandis que Metella, enthousiaste des résolutions d’Aline, s’écriait :

« Que vous êtes heureuse de vouloir et de pouvoir ! d’aimer le bien et d’être forte et libre !

— Cela est si rare pour une femme ! soupira la mère de Metella.

— Oh ! reprit vivement la jeune Italienne en regardant Aline, si noble front serait trop à l’étroit sous un joug… »

Elle s’arrêta naïvement, et plus naïvement encore jeta les yeux sur Paul Villano.