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CHAPITRE III.

Le deuil qui régnait à l’hôtel de Maurignan excluait toute idée de noces. Aussi la famille Larrey eut-elle le bon goût de ne rappeler ses espérances et ses droits que par une affectueuse assiduité. M. de Maurignan paraissait écrasé sous le coup de cette mort subite de sa fille aînée. À l’âge où la nature elle-même retire à l’être ses forces, un ébranlement si rude avance rapidement son œuvre. Vert et robuste auparavant, ce vieillard de soixante cinq ans, avec une faiblesse de cœur touchante, s’attachait désormais à sa plus jeune fille, son dernier appui. Il semblait ne vivre que par cet amour, et Aline, de son côté, semblait n’avoir plus d’autre préoccupation que son père. Elle ne le quittait pas ; ils travaillaient et sortaient ensemble, seuls, quelquefois avec Gaëtan, les jours où M. de Chabreuil le leur confiait. À la prière d’Aline, M. de Maurignan avait demandé à se charger complétement du fils de Suzanne ; mais cette demande avait été refusée.

Germain Larrey s’efforçait de prendre sa part des soins donnés par Aline à M. de Maurignan, et dans ses visites presque journalières, à force d’esprit,