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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/77

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maison le rôle d’une de ces mères effacées qui veillent à l’ordonnance intérieure, gouvernent les domestiques et conduisent, ou plutôt suivent leurs filles dans la rue. Miss Dream était, du reste, la moins gênante des compagnes, parlant peu, n’entendant rien, et, à l’occasion seulement, dévouée. Elle avait cette particularité d’être toujours à cent lieues des situations réelles, et rarement en accord de pensée avec ses interlocuteurs, parce qu’elle n’observait pas, et ne suivait jamais que sa pensée propre. Pour le moment, elle déplorait de tout son cœur le retard du mariage d’Aline, s’intéressait vivement aux contrariétés des deux amants, et, à tout propos relatif à ce sujet, regardait son élève en soupirant d’un air de profonde condoléance. Elle avait un vif enthousiasme pour Germain Larrey.

À Ems, au milieu de beaux paysages, dans leurs excursions champêtres, la douleur de M. de Maurignan et de sa fille subit cet apaisement qui ressemble à l’alanguissement du sommeil, et qui souvent, hélas ! précède aussi le complet sommeil de nos douleurs les plus chères. L’ingénieuse affection d’Aline sut donner à leur solitude un charme profond pour le vieillard. Le consultant à tout propos, et suivant absolument ses conseils, elle l’obligeait de s’intéresser à mille choses où elle semblait elle-même prendre beaucoup d’intérêt. Légère, infatigable, hardie, à cheval ou à pied, dans leurs promenades, elle était son compagnon, et lui faisait par moments retrouver quelques éclairs de sa gaieté disparue. Elle voulut apprendre l’allemand, et M. de Maurignan, qui le savait à demi, dut l’aider dans cette étude. Ainsi lui donnait-elle cette persua-