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Page:Leo - Attendre - Esperer.djvu/14

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il, sous lequel ne se rencontre un enfant terrible ? »

Puis il écouta de toutes ses oreilles la réponse qui se fit attendre un peu.

« Non, dit enfin l’harmonieuse voix, qu’un peu d’émotion altérait, non, ce n’est pas le vent qui apporte les enfants au sein de leur mère, c’est l’amour.

— L’amour !

— Oui, l’amour fait les êtres aimants. N’est-ce pas tout simple ?

— Oui, dit l’enfant.

Il y eut un silence, puis d’autres propos insignifiants s’échangèrent.

Mais le mystère une fois cramponné à l’esprit des enfants ne lâche pas prise ; et s’il est mauvais de leur donner une explication complète, il n’est pas moins fâcheux de laisser des nuages dans leur esprit.

« Maman, dit l’enfant bientôt, je t’aime. »

Un baiser répondit.

« Et pourtant je n’ai pas d’enfant, moi, rien que ma poupée.

— C’est que tu n’as pas encore le cœur assez grand, répondit la mère. Tu m’aimes… comme la plante aime la terre, le soleil, sans savoir pourquoi, un peu parce que je te suis nécessaire. Mais quand tu seras grande, tu m’aimeras, tu en aimeras d’autres, pour eux, non pour toi. C’est le véritable amour, et c’est celui-là qui donne la vie.

Sous la hardiesse de cette affirmation, quelque doute se glissa peut-être ; car la voix, aux derniers mots, prit un accent mélancolique.

André Léo.

La suite au prochain numéro.