Aller au contenu

Page:Leo - Attendre - Esperer.djvu/141

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

FEUILLETON
DU PHARE DE LA LOIRE DU 25 MAI.
======= N° 16 ======
ATTENDRE-ESPÉRER

IV
(Suite).

Tandis qu’il songeait ainsi, il entendit non loin, dans l’allée, derrière le mur de pampres, un pas et un bruissement de robe dont tout son cœur frémit. Ce n’était point le pas grave et plus régulier de sa mère, et la robe de laine de la bonne Mme Keraudet n’avait pas non plus de ces jeunes frémissements. Sûr déjà par le sens intime, il se retourna : c’était bien elle ! Elle ! Antoinette ! Mme de Carzet !

Elle s’était arrêtée à l’entrée de la tonelle et se détachait dans ce cadre avec toute sa grâce divine, son petit chapeau de paille posé sur ses blonds cheveux, et un grand cachemire où elle s’enveloppait tout entière, comme si elle eût voulu s’y cacher. Ses yeux, baissés, s’abritaient également sous le voile de ses paupières. Pourquoi cette attitude craintive ? Pourquoi semblait-elle ainsi tremblante devant lui, elle si puissante, et qui tenait avant Dieu sa destinée ?

Il se crut presque halluciné. Mais il la vit s’approcher en rougissant et s’asseoir à côté de lui. Et comme il se levait, par respect, devant-elle :

— Oh ! restez, dit-elle de sa douce