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Page:Leo - Bataille rangee.djvu/4

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française, mais humaine, car elle fut humaine avant tout — les ouvriers veulent devenir hommes, maîtres d’eux-mêmes, s’élever à la vie supérieure de l’humanité. Ils y apporteront des inspirations plus robustes et plus vraies que celles de la bourgeoisie ; car il n’y aura plus de classe inférieure, et c’est une vie nouvelle qui s’ouvrira, non pas seulement pour eux, mais pour notre race entière.

Aujourd’hui, nous vivons, tous tant que nous sommes, d’une vie factice, emprisonnée dans les langes de la barbarie primitive, égoïste, vaniteuse et avilissante. Ignorants des solidarités qui nous étreignent, nous subissons, sans savoir, d’où il vient, le mal que nous infligeons à d’autres. Combien parmi nous, protagonistes de la libre pensée, souffrent de l’abaissement moral où nous vivons, de l’objection, des crimes du pouvoir qui nous représente, et ne se disent pas que nous ayons une part méritée dans ces hontes et ces tristesses par notre indifférence relative pour l’ignorance et les maux du peuple ? Aidons de toutes nos forces l’ouvrier à s’affranchir ! Cherchons par tous les moyens à éclairer le paysan, à élever sa pensée ! Combattons la lèpre infectieuse de ce qu’on appelle les hautes classes ; abdiquons l’amour de l’or pour l’amour de l’humanité : nous aurons travaillé pour nous-mêmes et pour nos descendants.

La grève est un moyen redoutable pour le travailleur sans pain assuré. Et, cependant, il n’en a pas d’autre, vu les combinaisons savantes de l’organisation sociale actuelle. Il faut donc soutenir la grève ; car la chaîne qui lie le peuple aux capitalistes, c’est la faim. Il faut que le prolétariat, aujourd’hui, étroitement uni, s’obstinant dans sa force, la force du nombre, mette les patrons en mesure de choisir entre une concession relative et la ruine complète de leur industrie.