Page:Leo - Grazia.djvu/115

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l’aise, et il faut être né là dedans pour le prendre comme tu fais.

Il est certain — je ne dis pas cela à l’avantage de mon ami — qu’il se rétablissait promptement, et que sa tristesse avait pris ce caractère modéré que peut donner le mélange de la crainte et de l’espérance. Et cependant, les fiançailles de Grazia et d’Antioco Tolugheddu avaient eu lieu. Peu de jours après la réponse affirmative donnée par le père de Grazia, une troupe de vingt personnes à cheval, composée des deux Tolugheddu et de leurs parents et amis, était venue d’Oliena à la porte des Ribas. Ce sont les paralymphes (paranymphos), disait-on, sur leur passage.

La porte était fermée ; ils frappent à grands coups. On ne répond pas ; ils frappent encore. Enfin, de l’autre côté de la porte, une voix s’élève :

— Que voulez-vous, et qu’apportez-vous ?

— Honneur et vertu !

La porte est ouverte par de Ribas, qui les conduit dans une seconde pièce, où la famille est assemblée.

— Mère, voici un autre petit-fils ! Femme, voici ton gendre ! Fille, voici ton fiancé. Poignées de main, embrassades et félicitations s’échangent ; puis, les cadeaux sont apportés. On ne parlait dans Nuoro que de ces cadeaux. Pour les Sardes, c’est le grand sujet d’ostentation, et ils y consacrent généralement tout l’argent qu’ils possèdent, car ils n’ont souci de thésauriser. La parure de la femme est la gloire de l’époux et le trésor de la famille. Basilio Tolugheddu avait été magnifique : deux parures complètes de gros boutons d’or et d’argent, finement travaillés, pour manches de corsage ; deux paires de boutons et autant d’argent pour attacher la chemise ; une large agrafe d’or ; un chapelet d’ambre et un le corail, montés en or ; quinze bagues plus ou moins grosses, à couvrir tous les doigts de la fiancée ; rubans brodés de fils d’or et d’argent pour ceinture, et pour orner le corset et le bas des jupes ; enfin, chose qui