Page:Leo - Grazia.djvu/252

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— Dannasions ! cria le fiancé devenu furieux, je ne voudrais pas faire un malheur aujourd’hui ; Mais si tu ne me laisses pas la paix, fou du diable !…

Il mit la main dans sa poche. Effisio en dit autant. C’était une lutte au couteau, une de ces luttes sardes, où il reste toujours un mort sur le terrain. Je me jetai entre eux, en adressant de vifs reproches à mon ami, sur le scandale qu’il donnait dans la maison d’un parent. — Tu veux la tuer, tout à fait, n’est-ce pas ? lui disais-je à l’oreille.

— Je veux empêcher cette infamie ! répétait-il de ses lèvres pâles, les yeux injectés de sang, tel que je ne pouvais le reconnaître.

Il était vraiment fou, et j’eus plus facilement raison de l’irritation d’Antioco, en le conjurant de prendre le rôle raisonnable et d’éviter une rixe en un pareil jour.

— Je ne demande pas mieux, moi ! disait-il, certainement, je ne demande pas mieux ! Mais pourquoi cet enragé vient-il m’insulter ?

Tout ce que je pus obtenir ce fut une trêve, en leur promettant une rencontre, ou tout au moins une explication, pour le lendemain, et je pus alors emmener de cette maison le malheureux Effisio.

Dès le soir même, ce terrible accès de sauvagerie était complètement dissipé et mon ami n’éprouvait plus que la honte de l’avoir subi.

— C’est le vieux sang paternel, vois-tu, me disait-il Allons, c’est fini ! je vais maintenant souffrir en civilisé.

André Léo.

(À suivre.)