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Page:Leo - Grazia.djvu/257

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Je le regardai, saisi d’un doute ; il rougit sous mon regard.

— Quel malheur ! disait de Ribas. Qu’est-ce qui t’a pris de toucher à ce joug ? Il n’y avait rien à faire.

Il fallut porter Effisio dans sa maison ; j’envoyai chercher le médecin.

— Ce ne sera pas grave, dit celui-ci ; mais il faudra rester étendu sans marcher, au moins quinze jours.

— Bah ! me dit Effisio quand le médecin eut le dos tourné ; dans dix jours, nous monterons à cheval.

C’était dans dix jours qu’avait lieu la noce de Grazia. Les apparences étaient sauves ; point très-important, plus important encore à Nuore qu’à Paris ; car plus un peuple est primitif, plus il tient à l’opinion ; mais au prix de vives douleurs physiques, et de quelles douleurs morales ! Mieux à mon sens eût valu l’éloignement.

J’allai tout seul à la cérémonie de translation du trousseau.

C’est la fête de la vanité, naturellement plus importante que celle du mariage. De Ribas, qui avait tenu à m’avoir, me regardait du coin de l’œil. Je fis de mon mieux pour paraître ébloui. D’ailleurs, à part la qualité des objets, rien de plus curieux et intéressant, de plus poétique même que cette coutume. Tout ce qui est nécessaire en ménage doit se trouver-là, depuis l’âne qui moud la farine, jusqu’à la plus petite écuelle ; depuis le lit nuptial, jusqu’à la pelle du foyer, de-