Page:Leo - Grazia.djvu/31

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— Elle fait ce qu’elle peut, mais c’est difficile. Si les Sardes se battent entre eux, ils sont tous unis contre elle, et la justice, de son côté, ne trouve pas de témoins. Cependant, ajouta-t-il, il y a eu de graves condamnations, et cela fait réfléchir. Oh ! nous sommes plus sages, et j’espère bien qu’il n’arrivera rien aujourd’hui. D’ailleurs, ils ne tireraient jamais sur un étranger.

— Oh ! ne vous occupez pas de moi. S’il y a bataille, je serai au feu comme les autres, voilà tout.

— Bah ! il n’y aura rien, à moins qu’au retour nous ne rapportions trop de gibier, comme ils auront eu le temps de se monter la tête… Ah ! une bonne idée ! venez avec moi.

Il rejoignit de Ribas.

— Dites-moi, cousin, que n’allons-nous prendre Antioco Tolugheddu ? il nous conduirait dans ses montagnes ; ce sont les meilleures : c’est un bon chasseur.

— Si c’est pour notre hôte que tu veux éviter les querelles, je veux bien, dit de Ribas, dont Effisio me rapporta plus tard les paroles. Pour moi, je m’en moque ; si les Ollenais veulent se frotter à nous, je suis prêt. Mais pour notre hôte… Eh bien, soit ! allons chez Tolugheddu.

Ce fut en conséquence de cette décision que nous pénétrâmes dans Oliena. Ce village aux rues étroites, sales et tortueuses perdait, vu de près, tout son prestige. Gens déguenillés, maigres et malpropres, montrant effrontément par les crevés de leurs justaucorps de velours, en loques, un linge de couleur isabelle.

— Il faudra revenir le dimanche, me dit Effisio : ceux qui ce jour-là changent de chemise sont alors très-beaux.

Ayant pénétré jusqu’au centre du village, nous nous arrêtâmes devant une maison presque neuve et de belle apparence. Un des nôtres déjà nous avait précédés. Aussi vîmes nous de suite paraitre un vieillard qui nous engagea à mettre pied à terre et nous offrit d’un vin blanc de ses vignes, vieux et d’ex-