Page:Leo - Grazia.djvu/339

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Il va sans dire qu’à Nuoro nous fûmes relâchés au premier mot ; mais dès le lendemain il fallut aller déposer devant le juge d’instruction sur l’affaire de l’attaque du presbytère de X… Cabizudu était désolé ; il était redevenu tout bumble, il n’avait rien fait… Pour moi, j’étais en colère :

— Monsieur, dis-je au magistrat, il faudra vous contenter de ma déposition écrite, car aussitôt après le procès Nieddu, je retourne en France. Autrement, il me suffirait d’avoir mis le pied en Sardaigne pour n’en plus pouvoir sortir. Voici la troisième fois que je suis témoin !

Il sourit et promit de ne point m’envoyer d’assignation en France. Pourtant, je me réservai a moi-même de revenir sur cette décision, en ce qui concernait Pietro de Murgia. J’eus soin de décrire minutieusement la taille, la tournure et les particularités du chef des grassatori, ou de l’homme qui paraissait tel. Je parlai du capuchon troué, du cordon remis aux mains du sindaco ; je notai en un mot toutes les circonstances, afin que, le temps venu et de nouvelles preuves surgissant, il n’y eût plus qu’à appliquer le nom, que je ne me sentais pas encore le droit de prononcer.


XVI.

Ce fut le 10 juin que s’ouvrirent les débats du procès Nieddu. L’influence de la famille Tolugheddu et l’émotion causée huit mois auparavant par la mort d’Antioco, avaient attiré beaucoup de monde ; la petite salle des assises était pleine. J’y allai dès le premier jour, voulant entendre l’acte d’accusation. Ces factums sont trop les mêmes, en général, pour que je reproduise celui-là, que d’ailleurs je ne pourrais que résumer de souvenir, puisqu’il n’y a pas de journal à Nuoro. Groupant tout ensemble les motifs de vengeance, les menaces prononcées, les coïnci-