— Monsieur le président, vous me faites, des observations, j’ai le droit d’y répondre. Si vous ne m’interrogez que sur les faits, j’y répondrai strictement : oui, je suis allé trouver les Tolugheddu.
— Et vous avez menacé le fils de le tuer s’il n’épousait pas votre cousine ?
— Cela est ainsi.
— Vous avez été parler au père également ?
— Je lui ai dit la conduite de son fils ; il l’a blâmée, mais sans vouloir accorder de réparation.
— Il vous a offert de l’argent et vous l’avez refusé ?
— J’aurais refusé sa fortune ; mais il m’a offert deux cents francs.
Il y eut un frémissement dans le public et les regards se portèrent avec mépris sur l’avare, embarrassé de sa contenance.
— Dès lors, vous avez cherché les moyens de mettre votre vengeance à exécution ?
— Oui, Monsieur le président.
— Vous avez tiré sur Antioco, le 15 juin, dans le chemin d’Oliéna, tandis qu’il était accompagné de son domestique Pepeddo, du barracello Secchi et d’un Français, M… ?
— Non ; j’ai tiré seulement sur une hirondelle qui passait.
— Vous vouliez jouer avec les terreurs bien légitimes de ce malheureux jeune homme ?
— Je voulais abattre une hirondelle.
— Ou plutôt, dites la vérité, vous eussiez commis le meurtre, s’il n’y avait pas eu de témoins ?
— Je ne voulais pas tirer, ce jour-là, sur Antioco.
— Pourquoi ?
— C’était un mauvais jour.
Et quoi que puisse faire le président, il n’obtient pas d’autre réponse,
— Comme il répond bien ! dit une dame à côté de moi ?
Et sa compagne riposte :
— C’est un beau jeune homme !
Nieddu avoue du même ton la confidence