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Page:Leo - Grazia.djvu/404

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où il y va résolûment, franchement, de la vie de l’un des deux adversaires, il n’y a plus d’autres règles que celles de l’honneur. Demandez à mon ami.

— Je m’en tiens parfaitement à votre assertion, reprit Pietro, en prévenant ma réponse ; mais nous n’avons pas de pistolets.

— Nous avons nos fusils.

Le rouge monta au visage de Murgia.

— Mais alors, s’écria-t-il, cela revient à la mort de tous les deux, si nous tirons en même temps ! ou bien à la mort assurée de celui qui subira le feu le premier. Vous savez fort bien qu’un Sarde ne manque pas son ennemi à vingt pas. C’est insensé ! Autant vaut tirer au sort à qui se mettra une balle dans la tête. Je crois, signor, dit-il en se tournant vers moi, qu’il n’y a plus là ces conditions de hasard et d’adresse, qu’il doit y avoir dans tout combat.

Je me hâtai de lui donner raison, déclarant que je m’opposais absolument à un combat de ce genre. Et je proposai pour le lendemain, un duel à l’épée ; Effisio avait ces armes chez lui. Mais mon pauvre et opiniâtre ami s’obstina à vouloir le combat sur l’heure, déclarant qu’ils se battraient avec leurs dagues tout aussi bien qu’avec des épées. De Murgia accepta ; j’en fus désespéré. Cet homme, qui n’avait donné sa vie qu’aux exercices du corps, et qui menait, j’en étais persuadé, la vie d’un condottiere nocturne, plus grand qu’Effisio, plus exercé, endiablé d’âme et de muscles, devait avoir l’avantage dans une lutte, en quelque sorte corps à corps, contre un homme de mœurs et d’habitudes plus douces, plus lettré que guerrier, et pardessus tout loyal. Mais il me fallut céder, la mort dans l’âme, sous l’impérieuse volonté de mon ami. Un détail pourtant aurait dû empêcher le combat : la dague de Murgia était de cinq centimètres environ plus longue que celle d’Effisio. Malheureusement, ni Floris ni moi n’en avions une autre, et l’impatience d’Efisio ne consentit point de délai. On eût dit qu’en finir