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Page:Leo - Grazia.djvu/424

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cilement remonter à d’autres détails et trouver d’autres coupables.

— Ne serait-ce que par le moyen de cet objet, poursuivis-je en me saisissant d’une boîte d’allumettes en bois sculpté, que je reconnaissais parfaitement, pour l’avoir vue entre les mains de Pietro de Murgia.

Cao était devenu livide.

— Quand tout cela serait vrai, dit-il, vous ne pouvez pas me dénoncer ; vous êtes de trop braves gens… et puis nous sommes voisins… amis…

— Nous ne vous dénoncerons pas, dit Effisio, mais à condition que vous garderez le même silence à l’égard de la conversation que vous avez entendue, et que jamais une parole qui ne soit pas absolument respectueuse ne vous échappera coatre Grazia de Ribas ; car alors, compère Cao, fat-ce dans dix ans !…

— C’est convenu ! se hâta de dire Cao, secret pour secret. Vous pouvez compter sur moi comme je compte sur vous. Et maintenant, rebouchez soigneusement l’entrée et allez-vous-en ! car votre présence ici pourrait attirer quelqu’un. On ne parlerait pas par méchanceté, mais la langue est toujours dangereuse, et…

— Un moment ! dis-je, pour moi, je n’ai pas donné ma parole.

Cao me regarda avec un mélange de crainte et de fureur.

— Moi, je suis un Français, comme l’a remarqué tout à l’heure il signor Cao, et je n’ai pas du tout les scrupules d’un Sarde à l’égard de la justice. En France, nous dénonçons les brigands sans aucun remords, ou plutôt nous croyons que c’est notre devoir à l’égard de leurs victimes. D’ailleurs, moi, je n’ai pas de secret, et je ne suis nullement l’ami du signor Cao, qui tout à l’heure m’a tiré un coup de fusil…

— Moi ? Non !

— S’il a raté, ce n’est pas votre faute ; je l’ai fort bien entendu. Aussi ne me tairai-je qu’à une condition.

— Dites-la, grogna Cao.