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Page:Leo - Grazia.djvu/430

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avez raison ; je lui laverai la tête, et je vous remercie de m’en avoir donné l’occasion.

Malgré cet acquiescement, tout ce qu’il avait dit jusque là, et l’expression de sa physionomie, témoignaient fort peu d’indignation ; j’en étais frappé très péniblement. Aussi repris-je :

— C’est vraiment une chose abominable que ces attaques nocturnes à main armée contre la vie des personnes et leur propriété ! On comprend encore le brigandage d’hommes hors la loi, qui vivent dans la montagne ou dans la forêt ; mais ce brigandage en chambre, de gens qui, le jour, vous serrent la main et vous égorgent la nuit, cela est pire que tout ! C’est le dernier mot de la férocité ; c’est la corruption entée sur la sauvagerie !

— C’est vrai ! me dit don Antonio en soupirant, et je suis fort ennuyé de voir Cao dans ces vilaines choses. Je ne voulais pas le croire, bien qu’on se chuchotât cela à l’oreille depuis qu’il a disparu. Ce qui l’y aura poussé, c’est qu’il ne gagne pas grand chose et qu’il a beaucoup d’enfants ; mais je veux lui en faire de vifs reproches et peut-être m’écoutera-t-il. Le misérable ! ajouta-t-il avec courroux : s’il se mettait sous le coup de la loi pour affaire d’honneur, je l’approuverais ; mais pour grassasione, je n’entends pas ça, moi ! Je veux le lui dire, et s’il ne me jure point de ne pas recommencer, je lui défendrai de me parler et de m’appeler cousin, comme il se plait tant à le faire à tout propos.

Enfin ! Il se fâchait ! Je l’arrêtai ; car nous approchions du Nar-Hag, et j’abordai la grande question :

— Don Antonio, il est un autre de vos amis qui pratique le brigandage, beaucoup plus résolument et plus activement que n’a fait Cao. Celui-là est chef dans ces odieuses entreprises, et quelque jour, si vous n’y mettez obstacle, sa ruine pourrait entraîner la vôtre et son déshonneur votre déshonneur, tout autrement que ne ferait la mise en jugement de Cao.