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Page:Leo - Grazia.djvu/442

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— C’est sur notre montagne, là-bas, répondit Angela étendant la main vers l’Ortobene, à la Cresietta (Chiesetta, petite église) de la Madonna. Pourquoi don Antonio fait des invitations ? C’est bien simple, puisqu’ils ont pris cette année une des chambres.

Après deux ou trois nouvelles questions, j’eus enfin l’explication complète. Cette fête de la neuvaine, comme son nom l’indique, venait après neuf jours de prières faites sur la montagne, où les gens se transportaient avec meubles et provisions, pour y passer tout ce temps autour du sanctuaire, assistant dévotement, matin et soir, aux offices, et le reste du temps vivant là en famille et en comité d’amis. Le dixième jour, toute la population de Nuoro, augmentée de nombreux visiteurs des environs, se rendait aussi à la Cresietta, et l’on y banquetait et l’on y dansait jusqu’au soir ; après quoi la neuvaine était finie et l’on rapportait chez soi ses ustensiles, avec des bénédictions pour toute l’année.

Angela, qui ne demandait qu’à m’instruire, m’apprit ensuite qu’il y avait d’autres fêtes semblables aux environs, tout l’été ; particulièrement, en septembre celle de Gonnara, la plus belle de toutes, où l’on venait de partout, depuis Sassari jusqu’à Oristano. Une fois, il y avait de cela quatre ou cinq ans, un orage épouvantable avait éclaté le jour de la fête, et la foudre, tombant sur le chêne le plus élevé, sous lequel s’étaient réfugiées un grand nombre de personnes, en avait tué ou blessé une vingtaine, pères de famille, enfants, jeunes gens. C’avait été une désolation !

— Que voulez vous, Angela, dis-je, c’est la Providence !

Elle parut étonnée un instant, mais acquiesça, en se signant avec dévotion, et reprit :

Ainsi, don Antonio ne vous a pas invités ?

Elle soupira profondément.

— Alors c’est donc vrai ce qu’on dit, et que je ne voulais pas croire, que c’est Pietro de