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Page:Leo - Grazia.djvu/472

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— Misérable, s’écria-t-il, tu n’auras pas le dernier !…

On le retint et on l’entraina. Quant à Pietro, nul ne l’osait toucher, et pourtant son agonie était horrible. Il avait le sang et l’écume aux lèvres. Le poignard de Raimonda, enfoncé entre les deux épaules, restait dans la blessure. Les convulsions, d’abord épouvantables, devinrent plus faibles, et quand un médecin arriva, Pietro de Murgia venait de rendre son dernier souffle. Raimonda était toujours là.

— Il est mort ? demanda-t elle ?

Le docteur la regarda, sans lui répondre ; mais d’autres ayant fait cette même question, il répondit :

— Oui !

Alors, je la vis joindre les mains, et, comme si elle parlait à son amant, dire :

— Au moins, je t’ai vengé !…

Un des Sardes qui étaient là s’approcha d’elle et, lui touchant le bras :

— Il faut t’enfuir, lui dit-il, et le cacher ; les carabiniers vont venir !

— Oh ! cela m’est égal, répondit-elle ; je voudrais seulement qu’on me laissât près de Fedele, jusqu’à…

Elle partit en disant ces mots. On l’arrêta r peu après, chez elle, tenant embrassé le cadavre de son amant.

Nous étions délivrés. L’avenir de Grazia et d’Effisio était assuré. Mais je n’eus pas longtemps à jouir de ce changement. Le jour même du meurtre de Murgia, Cao reparut dans sa boutique. Dès lors, Effisio ne me permit plus de sortir de Nuoro. Il se défiait absolument du mercier et de ses complices, qui, sachant à n’en pas douter qu’ils avaient essuyé mes coups de feu, à l’attaque du presbytère, devaient, pensait-il, tant par rancune que par crainte d’être dénonces, vouloir se défaire de moi.

De telles précautions ne laissaient pas que d’être désagréables. J’éprouvais d’ailleurs le besoin de rentrer en France, maintenant que j’étais rassuré sur le sort de mes amis. J’arrêtai donc promptement le jour de mon départ, que, par une nouvelle prudence, Effisio me pria de tenir secret.

Cependant, je ne voulus point partir sans avoir pris congé des Ribas, que je n’avais pas revus depuis la mort de Murgia. Nous y