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FEUILLETON DU SIÈCLE. — 30 AVRIL 1878.

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GRAZIA

RÉCIT D’UN VOYAGEUR
RECUEILLI PAR
ANDRÉ LÉO

II. — (Suite.)

Il sourit de plaisir, mais au lieu de me répondre, il se mit à rêver d’amour.

Plus je regardais autour de moi, plus je m’étonnais de l’état où était tombée l’agriculture, dans ce pays si fertile autrefois.

Ce qui surprendrait au premier abord un paysan de nos contrées, c’est de ne voir en Sardaigne, aucune ferme, point de ces hameaux, de ces villages espacés, qui rendent nos campagnes si humaines, si riantes, et qui attestent leur fertilité. Cela tient évidemment à l’état de guerre où sont restées ces populations entre elles, après la désolation et les ruines des guerres étrangères. Comme au moyen âge, on s’agglomère, on se serre, pour se protéger mutuellement, soit contre le clan ennemi, — car, il y a peu de temps encore, on se livrait des batailles de villages à villages, soit contre les bandes, qui vont la nuit voler à main armée et à qui des fermes isolées offriraient une proie trop facile. Le paysan sarde, à l’encontre de tous les autres, habite la ville, si l’on veut donner ce nom usurpé aux bourgs de 1,000 à 6,000 habitants, épars à de gran-