Page:Leo - Grazia.djvu/8

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costume n’était pas moins curieux que celui des hommes et plus gracieux… mais je n’eus pas le temps de l’analyser : le conducteur revenait, ramené vers moi par un des braves Sardes qui s’étaient bénévolement constitués mes protecteurs. Je lui demandai :

— Où demeure Effisio Cambazzu ? N’y a-t-il pas un hôtel à Nuoro ? Voulez-vous charger quelqu’un de mes bagages ?

Il ne répondit que fort légèrement à toutes ces questions.

— Attendez, me dit-il ; il y a là un parent de votre ami, je vais lui parler.

Et il revint bientôt, accompagné d’un homme de quarante-cinq ans environ, de belle taille et d’air majestueux, vêtu à la mode indigène, qui me tendit tout de suite la main en m’adressant la parole dans ce même idiome, qui me paraissait barbare, parce que je ne le comprenais pas.

— Il signor n’entend pas le sarde, lui dit le conducteur ; c’est un Français.

Et il ajouta, s’adressant à moi en italien, que don Effisio était allé prendre part à une grande chasse dans les environs, qu’il ne reviendrait pas avant deux ou trois jours, et que ce cavaliere était son cousin, don Antonio de Ribas.

Don Antonio de Ribas ajouta immédiatement quelques mots en me regardant, et le conducteur traduisit :

— Don Antonio va vous emmener chez lui.

J’avais entendu vanter l’hospitalité sarde ; cependant, mes habitudes de particularisme l’emportant, je me hâtai, tout en remerciant don Antonio, de décliner son offre, et renouvelai ma question :

— N’y avait-il point d’hôtel à Nuoro ?

S’il ne parlait pas l’italien, don Antonio le comprenait certainement ; car je vis sa sa physionomie, d’affectueuse qu’elle était, devenir glacée ; l’œil s’alluma de colère ; en même temps, le conducteur me dit vivement :