Page:Leo - Grazia.djvu/85

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
FEUILLETON DU SIÈCLE. — 2 MAI 1878.

(8)

GRAZIA

RÉCIT D’UN VOYAGEUR
RECUEILLI PAR
ANDRÉ LÉO

III — (Suite)

Pendant ce temps, m’étant levé de table, j’étais resté assis sur la fenêtre, feignant d’être absorbé dans une lecture. J’avais voulu entendre le dernier mot de l’entretien. Le délai suspensif imposé par de Ribas me laissait une lueur d’espoir ; mais à peine son hôte avait-il dépassé le seuil, que don Antonio se retournant, de l’air d’un homme comble de joie, vint à moi et me frappant sur l’épaule :

— Je vais, me dit-il, marier ma fille Grazia avec un des plus riches d’Oliena ! Evviva ! cria-t-il en levant les bras.

— Mais Grazia ! lui dis-je, Grazia y consent-elle ? Savez-vous si ce garçon lui plait ?

Il me fit répéter deux fois, d’un air étonné, comme un homme qui ne peut se décider à comprendre ; puis, haussant les épaules sans me répondre, il courut au-devant de sa mère qui entrait, et lui dit à peu près les mêmes paroles qu’il m’avait dites, en lui nommant les Tolugheddu.

L’aïeule se mit aussitôt à pousser les mêmes exclamations de joie.

Pour eux, cette belle alliance était déjà faite. Grazia n’en était que le moyen.