Page:Leo - Jacques Galeron.djvu/136

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Leurs deux écoles étaient pleines ; toute allocation, il est vrai, avait été refusée à l’institutrice par le conseil municipal ; mais, sobres et économes, ils prospéraient. Un bon jardin, cultivé le soir par Jacques, et que le vieux Galéron sarclait, peignait, ratissait comme un jardin de grande ville, une chèvre, un porc, des poules, tout ce petit avoir de la campagne qui de lui-même vient remplir le pot-au-feu, tout cela les mettait à l’aise.

Les enfants n’étaient point encore venus, mais ils s’annonçaient ; Suzanne éprouvait ces indispositions soudaines et passagères, ces subites pâleurs qui avertissent les jeunes femmes qu’une nouvelle vie s’agite en elles. Mais la fraîcheur et le coloris revenaient presque aussitôt ; encore embellie par le bonheur, elle souriait comme on respire. — Hélas ! elle a bien changé.

Non-seulement, dans les premiers temps, on ne les tourmenta plus, mais on leur fit des avances. On les attira malgré eux à