Page:Leo - Jacques Galeron.djvu/24

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vos confidences, quand nous nous promenions, les bras entrelacés, aux heures des récréations, le long du grand mur tapissé de lierre ?

C’est Élise qui vous écrit, mais non plus le peuplier, car bien des années se sont écoulées depuis le temps que je vous rappelle. Ma taille s’est épaissie, mes cheveux blanchissent, et vous auriez peine sans doute à me reconnaître. Moi-même, en considérant ces frais souvenirs de l’adolescence, je ne me reconnais guère. À l’intérieur comme à l’extérieur, la vie opère en nous bien des changements.

Depuis que j’ai appris, madame, la nomination de votre mari au poste de recteur de notre université, j’ai eu le désir de vous aller voir et de renouveler l’aimable connaissance de notre jeunesse ; mais je quitte notre village bien rarement ; puis… je vous crois heureuse, madame ; vous avez conservé tous vos enfants ; moi j’ai le cœur brisé par une douleur si profonde, qu’il me