Page:Leo - Jacques Galeron.djvu/33

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Si vous la voyiez madame, vous ne comprendriez pas qu’on pût éprouver pour elle autre chose que cet intérêt, mêlé de respect, qu’inspirent les jeunes êtres ignorants du mal. Malheureusement il se trouve des gens pour lesquels admirer est une souffrance au lieu d’un bonheur. On jugea que c’était trop de hardiesse à ma Suzanne d’oser être si jolie, et le nom de coquette lui fut infligé, avant même qu’elle se fût doutée qu’elle était belle.

Un des graves événements qui soulevèrent contre Suzanne toute la bourgeoisie de la Roche-Néré fut son changement de coiffure. Elle avait d’admirables cheveux châtains, d’une nuance indéfinissable et naturellement bouclés ; mais cette abondante parure, emprisonnée sous un bonnet depuis l’enfance, n’avait jamais été qu’une gêne pour elle. Il y avait une année environ que Suzanne était chez nous, quand elle éprouva de violents maux de tête, dont mon mari attribua la cause au poids réuni des cheveux