Page:Leo - Jacques Galeron.djvu/48

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c’étaient des rires, des demi-mots et des airs de tête à n’en plus finir.

Mademoiselle Néomadie, orpheline sans fortune, recueillie par sa tante, madame Bonafort, est une assez bonne fille, et qui ne serait pas mal si elle ne louchait un peu. Quoiqu’elle ait vingt-huit ans sonnés, sa tante la traite toujours en petite fille et la mène rudement ; car madame Bonafort, grande et grosse brune à triple menton, est aussi impérieuse de caractère que roide d’aspect. On prétend que cette roideur vient de ce qu’elle se serre trop dans son corset ; mais, à sa physionomie composée et à son ton tranchant, il est aisé de voir que, le corset fût-il à inventer, madame Bonafort ne pourrait avoir de souplesse dans l’attitude.

Elle ne manque pas d’esprit et a de grandes prétentions à passer pour une femme instruite, sachant par cœur tout Boileau et les morceaux fameux des classiques, outre Delille et Desmoutiers, qu’elle cite fréquem-