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Page:Leo - Jacques Galeron.djvu/68

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Mais il s’agissait de plus d’une épreuve. On recommença sur un autre air. Les influences de la fête avaient grisé Jacques ; il dévorait Suzanne des yeux, et quand il entra dans le cercle pour la seconde fois, il se dirigea vers elle résolûment. Ce baiser, je le pensais bien, était un premier baiser d’amour ; mais en apparence il eût ressemblé à tous les autres baisers qui se donnaient là ; je fus donc étonnée, aussi bien que tout le monde, quand Suzanne, rouge et tout éperdue, s’écria : « Non, je ne veux pas ! »

Ce fut un murmure dans toute la ronde. Bien que Jacques se fût retiré immédiatement, on voulait obliger Suzanne à remplir les conditions auxquelles toute danseuse était soumise ; mais, persistant dans son refus, elle fondit en larmes. Je m’avançai alors en disant très-haut que Suzanne n’était pas bien depuis quelques jours et n’aurait pas dû venir. Je la fis sortir de la ronde et l’emmenai dans le jardin, où plusieurs