Page:Leo - Jacques Galeron.djvu/71

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jeunes gens restèrent seuls. La nuit tombait. Je posai ma plume pour écouter ce qu’ils allaient dire, dans l’espoir d’y démêler les vrais sentiments de Jacques.

Mais je crus un moment que j’en serais pour mes frais de curiosité : ils se taisaient. Rompant enfin d’une voix émue ce silence étrange, Suzanne demanda :

— Vous n’allez pas au jardin, monsieur ?

— Non, mademoiselle, répondit Jacques.

Et le silence recommença.

— Non, répéta Jacques au bout de quelques instants, je ne vais pas au jardin…

Il se tut de nouveau. Cela valait la peine de reprendre la parole ! En d’autres temps, la rieuse Suzanne eût éclaté.

— Parce que… ajouta-t-il sans doute par un effort héroïque, parce que je suis vraiment bien malheureux depuis hier.

— Ah !… vous êtes malheureux… pourquoi ?

— Parce que je vous fais peur… ou