heures au moins. Lilia était aussi fatiguée. On demanda du lait, qu’on but en causant avec la fermière.
« Si vous étiez venue un tantinet plus tôt, dit celle-ci, vous auriez trouvé M. Louis ; il était chez nous. Mais c’est bien fait tout de même, car il n’aime pas le monde, et ça l’aurait gêné.
— Assurément nous aurions été très-fâchées de le déranger, dit Agathe dédaigneusement.
— Faut pas lui en vouloir. Il est comme ça, voulez-vous ? C’est des chagrins.
— On prétend que son père est très-dur pour lui, dit Cécile, qui, préoccupée de Rose, amenait volontiers l’entretien sur elle ; mais on prétend aussi qu’il se console en épousant la plus belle fille du pays.
— On le dit, répondit la fermière ; mais je n’en sais rien. Moi, j’avais dans l’idée qu’il ne se marierait jamais de sa vie, à cause du crève-cœur qu’il a eu pour une jeune fille qu’il aimait, dame ! bien jeune encore, il n’avait que dix-neuf ans.
— Vraiment ? reprit Cécile, qui éprouvait pour ce bizarre et malheureux personnage une curiosité sympathique ; M. Louis aimait… une fille du pays ?
— Une simple bergère, servante aux Saulées, et qui avait à peu près son âge. Eh ! le pauvre ! en a-t-il eu de la peine pour ça !
— Il voulait donc l’épouser ? demanda Cécile.
— Bien sûr, il le voulait ; mais dans ce temps-là son père avait l’idée de le marier avec une demoiselle riche, et c’est à présent seulement, parce qu’il voit la chose impossible… et puis la Gothon, qui