Page:Leo - L Ideal au village.pdf/141

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jamais en elle qu’à de saines résolutions. Peu facilement inquiète d’elle-même, elle sentait que dans ce monde, où tant d’êtres jouissent et souffrent, et où retentissent les doux noms de pitié, de justice, d’amour, elle aurait toujours à occuper son cœur et sa pensée.

Aux Grolles comme à Paris, elle s’était fait une suite d’occupations agréables, dont la plus nouvelle était le soin du parterre qu’elle créait sous sa fenêtre, dont la plus chère et la plus ancienne était l’étude et l’interprétation des maîtres de l’harmonie. Les facultés musicales étaient chez Cécile très-développées ; elle jouait du piano depuis l’enfance, et, sans chercher les difficultés, ni s’être proposé pour but d’atteindre à la première force, elle possédait une facilité de main et une puissance d’expression très-remarquables.

Sous ses doigts, l’instrument semblait un organe qui lui fût propre, tant elle lui donnait l’accent d’une âme. Avec cela, des livres, quelques journaux, une promenade quotidienne au milieu des beaux sites qui l’entouraient, quelque acte de bienfaisance rempli sur sa route, quelque fraternelle parole aux gens du pays, et la conversation de son frère, la journée se trouvait abondamment remplie.

Telle n’était cependant point l’opinion des gens de Loubans ; car ils cherchaient avec ardeur à deviner quel chagrin, quelle bizarrerie avait pu porter la jeune et jolie Parisienne à s’enterrer dans le séjour isolé des Grolles, et Cécile ne voyait jamais la famille Darbault sans s’entendre dire :

« Vous devez bien vous ennuyer. »