Page:Leo - L Ideal au village.pdf/244

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mettais mieux. D’abord ça t’avait tourné la tête, pourtant, l’idée d’être riche et marquise. Eh bien, je te le promets, si tu manques un si beau coup, je te ferai savoir que tu es ma fille et tu auras la vie dure avec moi. »

Rose avait pleuré, mais n’avait pas fait de réplique. Si elle n’était pas aussi forte que d’abord l’avait cru son père, elle l’était cependant, et ne pouvait s’empêcher de reconnaître au fond qu’il avait raison. Le jour donc où elle devait aller travailler aux Grolles, elle prit docilement un autre chemin et se rendit chez Mme Delfons.

Lucien, ce jour-là, comptant sur l’intervention de sa sœur, attendait Rose avec une double impatience. Il était allé à sa rencontre sur le chemin ; puis était revenu à la maison, croyant l’y trouver. Enfin, voyant approcher dix heures, et n’y tenant plus, il courut aux Maurières.

La Deschamps répondit à toutes ses questions d’un ton maussade, en disant qu’elle ne savait pas, et ce fut la vieille grand’mère qui, n’étant sans doute pas dans le secret, apprit à Lucien où était Rose. Il prit aussitôt le chemin de Loubans et se rendit chez Lilia.

Bien qu’il fût alors près d’onze heures, Lilia n’était pas levée.

« Madame, dit la bonne, lisait dans son lit. »

Lucien, charmé de cette circonstance, dit qu’il allait attendre, et se hâta d’entrer dans la salle à manger, où travaillait Rose. Mais quelle ne fut pas sa contrariété en voyant Marius assis près de la