Page:Leo - L Ideal au village.pdf/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« À quoi pensez-vous ? » demanda-t-elle d’un petit air souverain.

Il se fit prier comme lorsqu’on désire parler, sauf quelque pudeur qui retient. Et quand, feignant le dépit, Cécile alla reprendre sa place dans l’embrasure de la fenêtre, où le jour tombait, il vint à son tour auprès d’elle, et, s’asseyant sur un tabouret, à ses pieds, il appuya sa tête sur les genoux de sa sœur.

« Des niaiseries de jeunesse ! dit-il.

— Vraiment ? Oh ! conte-moi cela, petit frère. Il y a si longtemps qu’on ne m’a rien conté !

— Ce ne sera pas long… Je songeais tout simplement à Loubans, où le paysage est splendide, la race vigoureuse… avec de très-beaux types çà et là. On y voit aussi des mares vertes, avec des canards de toutes couleurs.

— As-tu bientôt fini de te moquer de moi ? Laissons-là ces canards ; il s’agit de tout autre chose, si j’en juge par le sourire rêveur et charmé que tu avais tout à l’heure.

— Finette ! il n’y a que les jeunes filles pour flairer d’aussi loin les histoires d’amour. »

Cécile poussa un petit cri, en disant : « J’en étais sûre ! » et frappa dans ses mains d’un air ravi.

« Ah ! c’est ainsi, monsieur ? Et vous ne m’en aviez jamais rien dit !

— Doucement, doucement ! Ne va pas rêver une passion ; il s’agit seulement d’une silhouette, d’un rêve, d’une aube, de ce qu’il y a de plus frais, de