Page:Leo - L Ideal au village.pdf/271

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’exerçait sur son organisation d’artiste cet admirable composé de lignes pures et de chairs roses, où l’âme rayonnait par de si beaux yeux, Galatée vivante.

Ne voulant point lui parler d’abord des révélations de Marius, il s’assit auprès d’elle, et la regarda coudre. Les yeux ainsi baissés, penchée sur son ouvrage, il la trouvait touchante et se disait :

« Depuis l’âge de quinze ans, elle vit de son travail ; c’est une honnête fille. Les vanteries de Marius sont odieuses, et je serais odieux moi-même d’y croire.

— Vous êtes bien peu causeur aujourd’hui, dit Rose.

— Et vous, répondit-il, n’avez-vous rien à me dire ?

— Oh ! si, bien des choses ; mais je n’ose guère, car cela va vous faire du chagrin. Je n’ai fait que pleurer depuis hier. »

Elle prit son mouchoir et s’essuya de nouveau les yeux.

« Qu’y a-t-il donc, chère enfant ?

— Il y a que M. Louis va revenir chez nous, c’est bien sûr. Avant-hier, son père lui en a parlé. Le vieux monsieur de Pontvigail veut ce mariage à toute force, et mon père et ma tante Gothon regardent la chose comme faite. On parle déjà des cadeaux et de la noce. Que voulez-vous ? Je ne fais que pleurer quand je suis toute seule, et pourtant, si je ne vous aimais pas tant, je devrais être contente ; car c’est un bien beau parti. Mais non, c’est plus fort que moi, dit-elle en levant ses beaux yeux au ciel