Page:Leo - L Ideal au village.pdf/276

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sions. C’est la première mort de l’être, et l’âme a peu de force qui ne l’éprouve point.

Cécile avait déjà subi cette épreuve ; aussi comprenait-elle si bien la douleur de son frère qu’il s’en trouvait soulagé. Il reportait maintenant sur elle toute sa tendresse.

« Je n’aimerai plus désormais que toi et mon art, » disait-il.

C’était, à vingt-sept ans, une résolution difficile à garder peut-être ; mais il la prenait de bonne foi, et Cécile, pensant à Louis, rêvait de passer la vie entre ces deux amitiés, qui déjà lui étaient, chose étrange, également chères.

Lilia revint le lendemain selon sa promesse, et Lucien, touché de son affection, trouva de la douceur à lui confier sa peine, qu’il commençait d’épancher un peu. Grâce à l’insuffisance de Doucette, Cécile, préoccupée de mille soins, était heureuse de pouvoir par moments remettre son frère aux soins d’une amie. Une de ces intimités rapides que créent les circonstances pénibles de la vie s’établit donc entre Lilia, Cécile et Lucien. Il y avait chez Lilia une douceur pleine de grâce et comme une exubérance de tendresse, empreinte de mélancolie, qui gagnait promptement le cœur.