Page:Leo - L Ideal au village.pdf/286

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maison fermée chaque soir, manquait des choses les plus nécessaires et ne pouvait, faute d’argent, se les procurer. Presque toutes les nuits il couchait sur le foin, dans la grange, et attendait au matin que son père eût quitté la ferme pour aller prendre un morceau de pain et passer dans sa chambre quelques instants.

Il se rendait ensuite aux Grolles et entrait dans la salle à manger, où l’on avait installé Argus. Là, souvent, se trouvait Cécile, ou Lucien lui-même, qui, ne pouvant se donner à aucun travail, errait comme une âme en peine et venait par désœuvrement s’occuper du malade. Malgré les soins que chacun lui prodiguait, Argus avait besoin de la présence de son maître ; on le voyait, quand Louis arrivait, témoigner sa joie par ses regards et par des mouvements qui lui arrachaient parfois des cris de douleur ; il allait mieux ; mais sa guérison devait être longue.

Louis se trouvait donc installé dans cette famille, à peu de chose près comme s’il en eût été membre. Il voyait Cécile aller et venir autour de lui ; il la suivait dans sa vie intime, et le charme de cette présence lui faisait oublier tous ses maux. Souvent elle venait s’asseoir à côté de lui ; ils causaient avec confiance, et dans leur parole, ou seulement dans l’accent de leurs voix, ils percevaient mille révélations de tendresse.

Quelquefois, pour distraire Lucien, ils l’entraînaient vers quelque beau point de vue, ou dans le fond de quelque prairie, d’où ils assistaient au coucher du soleil derrière les coteaux. Lilia se mêlait