Page:Leo - L Ideal au village.pdf/56

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jolie. Ses yeux, assez petits, avaient néanmoins de charmants regards, pleins de douceur et de tendresse. Elle avait croisé sur son corsage un fichu de tulle blanc noué par derrière ; son cou était orné d’un collier de jais noir où pendait une croix, et dans ses cheveux éclataient de blanches marguerites cueillies au jardin, coiffure un peu poétique peut-être pour un dîner de famille.

Dans le long cou penché de la jeune femme, dans sa démarche indécise et ondoyante, et dans tout son air, il y avait de la branche de saule placée dans la coupe et sur laquelle souvent Lila jetait un mélancolique regard. La petite Jeanne, en robe blanche et les cheveux bouclés, courait dans le salon et grimpait sur les meubles. Elle vint sauter au cou de Cécile, qui l’avait fort caressée la veille.

C’était une gentille enfant, gâtée, pétulante, terrible à souhait, et sans autre direction que les caprices de sa mère et les siens propres. Poussée par ce malin esprit qui semble guider les enfants, elle insista pour mener Cécile dans la chambre de sa mère, afin d’y prendre des joujoux qu’on y avait relégués.

La tenue de cette chambre ne ressemblait nullement à celle du salon. Un désordre complet, une négligence poussée jusqu’à la malpropreté, y régnaient de toutes parts, et plusieurs livres graisseux, qui traînaient çà et là, portant la marque d’un cabinet de lecture, donnent peut-être la raison de cette négligence.

On trouve dans les petites choses des signes profonds. Cette chambre conjugale, avec son berceau