Page:Leo - L Ideal au village.pdf/62

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bault le remarqua d’un ton de reproche qui parut blesser Lilia. On était au rôti quand M. Delfons arriva enfin, écrasé de fatigue, mais gai comme un travailleur satisfait de sa journée.

Ce fut à peine si Lilia, occupée de causer avec son cousin, s’aperçut de l’arrivée de son mari, et il dut lui-même demander à la bonne ce qu’il désirait. C’était une bonne et douce figure que celle du docteur Delfons.

On eût pu l’accuser de ne pas avoir cette finesse de tact que donne l’habitude du monde ; il manquait assurément de délicatesse nerveuse, et quand il raconta ses travaux de la journée, sa femme eut quelque raison de lui reprocher des indiscrétions chirurgicales ; mais tout le pays l’aimait pour sa vraie bonté, et plus d’un malade reconnaissant assurait lui devoir la vie.

Il est vrai qu’il s’absorbait tout entier dans la médecine comme sa femme dans les romans ; quand ils étaient seuls et que chacun de son côté se plongeait dans ses méditations ou ses rêveries, sans le babil de la petite Jeanne, la maison eût semblé vide.

« Pour le coup, c’est tout à fait ridicule ! » s’écria M. Darbault en voyant apparaître au dessert une pièce montée en nougat.

Et comme sa femme lui faisait les gros yeux pour l’engager à se taire, il ne s’emporta que plus fort.

« Je veux parler, que diable ! Nous sommes en famille et c’est pourquoi tant d’embarras sont de trop. Je vous demande si ma nièce et mon neveu n’auraient pas été contents, quand même on n’au-