Page:Leo - L Institutrice.djvu/135

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avant tout, de la religion. Voulez-vous que je vous le dise, en amie, parce que ça peut vous être utile, M. le curé n’est pas content ; il trouve que vous négligez beaucoup trop les choses religieuses.

Sidonie rougit sous cette attaque ; mais c’était la mère de Rachel, et elle répondit simplement.

— Je vous remercie, monsieur le curé… se trompe, et puisque vous le désirez…

— Moi ! je ne demande rien maintenant. Je vous suis obligée pour la petite, parce que vous avez eu bonne intention ; mais, voyez-vous, il ne faut pas gâter les enfants ; ils n’en sont que plus malheureux ensuite. Rachel a un très mauvais caractère ; on n’en peut rien obtenir.

— Rachel ! s’écria l’institutrice, Rachel ! ce n’est pas… Non ! non ! elle n’a pas un mauvais caractère !…

L’idée, le sentiment qu’on rendait sa chère petite malheureuse la fit fondre en larmes. Elle venait de sentir, en un moment, toutes les tortures qu’elle avait dû faire subir à l’enfant depuis trois semaines, par un traitement brutal, inintelligent.

— Mon Dieu ! reprit Mme Moreau, je suis fâchée de vous faire de la peine, ma chère demoiselle ; mais vous avez pourtant bien dû penser que ça ne pouvait pas durer toujours. Maintenant que la petite est grande et que son frère va partir pour le collége, je ne puis pas me priver d’elle plus longtemps.

Un cri échappa à Sidonie et, se levant, horriblement pâle, et tendant les mains vers Mlle Moreau :

— Rachel ! Oh, mon Dieu ! Vous ne voulez plus… est-ce possible ?

— Comme vous prenez ça ! Mon mari ne vous a-t-il pas prévenue ?