Page:Leo - L Institutrice.djvu/137

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Ils montèrent. Des sanglots soulevaient la poitrine de Sidonie. Quand ils furent à la porte de la chambre où était Rachel, ils trouvèrent la porte fermée, et il fallut qu’Ernest descendit demander la clef à sa femme. Appuyée sur la rampe de l’escalier, Sidonie sentait son cœur se briser. On martyrisait son enfant, cette enfant, que si profondément elle sentait sienne ; et sa tête se montait et il lui venait des pensées d’enlever Rachel, de fuir avec elle…… N’était-ce pas son devoir de la sauver ?……

La petite était près de la fenêtre, assise dans une attitude accablée, la tête sur sa poitrine, les yeux rouges, les joues meurtries, Le livre gisait par terre, à ses pieds. En apercevant Sidonie, elle poussa un cri de joie et se jeta dans ses bras.

— Oh ! m’amie, chère m’amie, tu vas m’emmener ?

Et elle la comblait de caresses. La pauvre institutrice ne pouvait parler. Elle serrait l’enfant sur son cœur. Ernest n’y put tenir ; il s’esquiva brusquement.

— Allons-nous-en, répétait Rachel, allons-nous-en bien vite ! Pourquoi n’es-tu pas venue me chercher plus tôt ? Pourquoi pleures-tu si fort et que tu es comme ça tout en noir ? Est-ce maman qui t’a fait pleurer ? Si tu savais comme elle est méchante ! Elle s’amuse à me tourmenter. Eh bien ! moi, je ne veux pas lui obéir. Elle veut que j’apprenne des choses à quoi l’on ne comprend rien ! C’est bête, ça ! Oh ! m’amie, allons-nous-en ! Viens !

Mais elle n’obtint aucune réponse. Une horrible contraction serrait Sidonie à la gorge. Toutes les pensées qui du cœur lui montaient aux lèvres s’arrêtaient là. Elle étouffait. Ce n’était pas pour elle-même :