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Page:Leo - L Institutrice.djvu/167

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son front, elle ne l’avait plus. Elle baissait la tête et avait quelque chose de cet air enfariné des petites filles élevées par les religieuses ; et quand ses yeux se relevèrent, presque furtivement, le regard se montra dur, fixe. Un frémissement de douleur, où se mêlait de la haine, parcourut le cœur de Sidonie. On l’avait donc bien fait souffrir, cette enfant !

Plusieurs fois, pendant la messe, les regards de l’institutrice et ceux de Rachel se rencontrèrent. La première fois, il y eut un mouvement dans les yeux de la petite fille, et une rougeur passa sur sa joue. Ce fut tout. Quand la messe finit, Sidonie se leva tremblante et s’alla placer en dehors du portail, tout proche, de manière que Mme Moreau ne pût l’éviter. Depuis un an, elles ne se visitaient plus, et même, pour ne pas saluer l’institutrice, Mme Moreau affectait souvent de ne pas la voir. Mais défendrait-on à Rachel d’embrasser une amie qui, pendant quatre ans, lui avait servi de mère ? Non, c’eût été trop odieux. Et pourquoi d’ailleurs ? Qu’avait-on à lui reprocher ? Sidonie savait bien que Mme Moreau avait beaucoup clabaudé sur leur dernière entrevue, qu’elle se prétendait injuriée par l’institutrice et lui reprochait même de chercher à brouiller son ménage, en accaparant l’esprit de M. Moreau. — Mais tout cela était faux et Mme Moreau elle-même ne pouvait le croire, et Rachel…

Elle restait là, inquiète, le cœur haletant, s’efforçant de causer avec deux ou trois personnes, mais sans songer à ce qu’elle disait ; et pendant ce temps, la foule, qui venait de l’intérieur de l’église, s’écoulait devant