Page:Leo - L Institutrice.djvu/172

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gret ne comptait que comme cuisinière — la conversation tomba naturellement sur l’enseignement. Sauf la réplique nécessaire, M. Lucas en fit tous les frais ; il expliquait « ses idées » avec beaucoup de bonne grâce et de générosité, parlant de méthodes « très savantes » et de livres peu connus, qu’il estimait beaucoup.

— Voyez-vous, disait-il, l’essentiel, c’est de mettre de bonnes définitions dans la tête des enfants. Les définitions, c’est la science. Cela renferme tout, et tient peu de place. Quand un enfant possède cela, le maître peut se dire : Eh bien, il en sait autant que nous, et maintenant il ne tient qu’à lui de comprendre. Ça viendra plus tard. Il y a le livre de M. Logophilas, grand-officier d’Académie, chevalier de la Légion d’honneur, et membre d’un nombre considérable de sociétés savantes, qui renferme d’admirables définitions, par exemple celle du verbe : le verbe est l’expression qui signale les rapports directs ou indirects de mouvement, d’action, de manière, d’état, qui existent entre les êtres, ou entre les objets, ou entre les êtres et les objets, ainsi que les différentes modifications de ces rapports dans le temps et suivant leurs causes, ou sujets, aussi bien que le sentiment du but, ou objet, qui est contenu implicitement ou explicitement dans le verbe. — C’est un peu long, mais tout y est, et c’est plein de métaphysique. Plus on y songe, plus on y découvre de profondeur. Le fils du comte, mon petit élève, sait cela sur le bout du doigt. Je lui dis souvent : C’est de l’esprit condensé ; buvez-moi ça. Il est plein de mémoire et de facilité. Ah ! si les enfants voulaient travailler ! Ce seraient tous de