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— C’est fort bien, sans doute, dit-il ; mais tout cela doit venir plus tard. La nomenclature d’abord. Vous tenez vraiment à tout brouiller.

— Je tiens seulement à intéresser l’enfant à l’objet de son étude. Il lui faut la vie ; la simple nomenclature le rebute, parce qu’elle ne dit rien à son imagination. On a mis la science objective à la fin des classes ; c’est au commencement qu’elle devrait-être.

— Décidément, mademoiselle, vous êtes une philosophe ; une réformatrice ; il faudra vous faire nommer grand-maître de l’Université. Mais je ne suis moi, je vous l’ai dit, qu’un pauvre homme, et il faut que je remplisse mon devoir, tout simplement, c’est-à-dire que je vérifie si l’on sait le catéchisme. Les philosophes, en général, n’aiment pas le catéchisme, et peut-être vous êtes-vous dispensée de le faire apprendre par cœur ?

— J’ai dû me conformer à cette obligation, répondit Sidonie, irritée du persifflage de cet homme.

— Ah ! l’on voit assez qu’elle ne vous plaît pas. Et il est probable que vous avez inspiré le même sentiment à vos élèves. Nous allons savoir cela.

L’épreuve fut assez peu concluante. Celles qui allaient faire la première communion, savaient assez bien le catéchisme : les autres l’avaient négligé. L’inspecteur avait pris ses notes et allait se retirer quand, avisant une petite fille à la physionomie vive et spirituelle, dont les yeux noirs le