Page:Leo - L Institutrice.djvu/219

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tez… il ne faudra pas le dire ; je tremblais tout à l’heure… Et c’est pourquoi j’ai renvoyé ce jeune homme… moi, ma pauvre amie, j’avoue à peine quarante ans ; il faut me pardonner cette faiblesse, mais si vous êtes toujours la même, mon secret est en sûreté.

— Je le garderai, dit l’institutrice, et personne en nous voyant ne pourra soupçonner que nous avons eu un point de départ commun.

— Pauvre Sidonie ! murmurait Berthe, en regardant le visage éteint et creux, le dos vouté, les haillons de son ancienne compagne. Oh ! oui, vous devez avoir souffert ! Racontez-moi votre vie.

Le triste récit fut court ; après l’avoir entendu, Mme de Néris serra les mains de son amie, et baissant les yeux :

— Oui, dit-elle à demi voix, voilà le sort des filles pauvres et honnêtes, celui qui m’était réservé, et dont je n’ai pas voulu ; car j’étais pauvre comme vous…

À ce moment seulement, les propos qui circulaient sur le compte de Mme de Néris revinrent à l’esprit de l’institutrice ; elle baissa les yeux aussi, et ce fut elle qui rougit. Elles restèrent l’une et l’autre embarrassées.

La calèche arrivait !

— Venez avec moi, je vous en prie, dit Mme de Néris.

Mais Sidonie refusa : elle s’excusa sur sa timidité, sur ses vêtements ; mais au-des-