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Feuilleton de la République française
du 7 janvier 1872

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LES FILLES PAUVRES

L’INSTITUTRICE[1]


L’absence de Sidonie ne pouvait se prolonger sans que sa mère fût inquiète ; elle s’agenouilla sur le lavoir, prit un à un les morceaux de linge ou de mousseline, et les passa plusieurs fois dans l’eau. La lune versait sur elle des clartés mélancoliques, et elle se sentait comme baignée d’amour. Plusieurs fois elle frémit, croyant le sentir derrière elle. Mais ce n’était que le bruit des feuilles au vent, ou le pas furtif de quelque animal rôdeur. Elle se releva, reprit son paquet sur son bras, interrogea l’espace d’un regard timide et revint à petits pas, le cœur plein, la tête en feu, gardant tout au fond le regret de ne l’avoir pas revu.

  1. Voir la République française depuis le 26 décembre 1871.