Page:Leo - L Institutrice.djvu/70

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pas plus l’une que l’autre. Et moi-même, je suis trop fière pour cela.

Elle poussa un grand soupir et laissa l’institutrice toute froissée de son dédain pour Ernest. Trois mois après, Boisvalliers célébrait, en effet, dans la même église, ce mariage, que Léontine elle-même déclarait la suite de l’enterrement. Le jeune Moreau n’y assista pas. Il était allé faire un voyage à Paris.

Ce mariage accrut la solitude de Sidonie. La jeune Mme Urchin demeurant assez loin de Boisvalliers y venait rarement ; puis elle noua d’autres relations dans les communes voisines, et enfin elle prit des airs de femme riche et des falbalas qui rendaient ses visites cérémonieuses et sèches. En revanche, Mme Favrard, ne sachant plus que faire d’elle-même, depuis l’éloignement de sa fille, écrasa ses voisines à toute heure. Il en résulta des relations trop étroites, des froissements dont les causes seraient trop longues à raconter et paraîtraient peut-être insaisissables. C’était une série de petits faits et de menus propos, de répliques, d’interprétations, d’airs et de manières qui, aux yeux de ces dames, importaient beaucoup, mais qui n’eussent paru qu’insignifiantes à des esprits moins perspicaces. Mme Favrart avait observé ceci, à quoi Mme Jacquillat avait répondu cela, et c’étaient des choses énormes, bien qu’en écarquillant les yeux on ne vît trop rien ; mais peut-être la lanterne n’était-elle pas suffisamment éclairée. En pareil cas, les deux parties ne disent jamais le vrai fond — quand elles le savent. Cependant, de grands