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l’enseignement public. Le ministre ne les contraria point, il les engagea même gracieusement à former des plans ; il reçut leurs pétitions ; mais ne fit droit à aucune. Les commissions apprirent bientôt que le directeur du service, véritable chef du ministère, était encore le même clérical auquel Sa Majesté Napoléon iii avait daigné confier ces délicates fonctions. On eut beau demander son changement ; il resta ; il y est encore. — Qui n’admirera le dévouement du ministre titulaire, couvrant ainsi d’une réputation acquise par l’idée démocratique, la continuation du système obscurantiste ? L’amour de l’ordre à tout prix peut seul dicter de tels sacrifices ; mais il est clair qu’ils sont jugés nécessaires, et que sur ce point rien n’est à attendre, rien à espérer.

Non ; parce qu’il y a en réalité que deux partis en ce monde : celui de la lumière et de la paix par la liberté et l’égalité ; celui du privilège par la guerre et par l’ignorance. Il n’y a pas, il ne peut pas y avoir de parti intermédiaire ; j’entends de parti sérieux.

Cessons donc enfin — ce ne sera pas trop tôt — de nous laisser abuser par cette parole officielle, dont toute l’histoire n’est qu’un long parjure, et tâchons d’en désabuser le monde. Il est temps, il est grand temps de rompre, non seulement avec les maux qu’elle nous fait, avec les ruines qu’elle cause, avec les malheurs qu’elle accumule, mais encore avec son effrayante immoralité. Ne voit-on pas que toute monarchie, ou toute aristocratie, autrement dit tout privilège, est par nature obligé de mentir, d’être fourbe, parce qu’il est en désaccord avec la justice ? Devant cet instinct d’équité, d’égalité, qui, malgré tout, est le fonds de la conscience humaine, et quoiqu’on