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Page:Leo - Legendes correziennes.djvu/122

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Ce n’était point ainsi qu’ils avaient imaginé se revoir, quand ils s’étaient quittés, avec tant de confiance et de chagrin, lui, la serrant sur son cœur, et si bien la croyant sienne. Ces sept années ne lui paraissaient alors qu’un long moment à passer, entre l’étreinte de l’adieu et celle du retour. Et maintenant… Baptiste par moments n’y pouvait croire. Au lieu de prendre son parti de ce qui était advenu, plus il se remettait à vivre comme autrefois, dans le même air et les mêmes coutumes, plus son cœur se reprenait à la vie passée, — plus il aimait Mélie et plus il lui en voulait. Il sentit bien, dès les premiers jours, que c’était trop d’un mois à rester là, pour sa pauvre tête ; mais il voulait, avant de s’en aller, parler à Mélie, et lui reprocher tout le mal qu’elle lui avait fait. En sorte, qu’après l’ébranlement des premières rencontres, il se raffermit de tout son courage, et chercha le moyen de la rencontrer.

Il eut remarqué bientôt qu’elle allait, vers dix heures, chaque jour, attacher sa chèvre