Page:Leo - Legendes correziennes.djvu/157

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Quand il donnait la pochée[1], au lieu de trinquer, et gouailler, et prendre la taille de la fille de la maison, il causait honnêtement, faisait son service, tenait bon compte de ce qu’on disait, se montrait de bon sens et de bonnes façons enfin, sans pour cela être un sot, ni moins capable d’administrer une râclée à qui l’eût voulu molester. Cette conduite le fit estimer de tous les gens comme il faut. Et toute dégourdie que fût la meunière, elle vit bien que ce garçon, homme de conscience et de cœur, valait mieux, pour ceux qui avaient affaire à lui, que ces bambocheurs à double langue, pour qui le devoir n’est rien. Elle se prit donc à le traiter plus gentiment et à le considérer[2], tant et si bien qu’elle en devint affolée, et, comme elle voulait lui plaire, fut aimable, prévenante et bonne pour lui.

Il eût été difficile que le garçon ne fût

  1. La provision de farine.
  2. Considérer, en langage villageois, a le sens de considération, égard.