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Page:Leo - Legendes correziennes.djvu/167

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Sa voix à peine avait résonné dans l’air que la jeune fille sursauta, fit un grand cri, l’envisagea, tout apeurée, et s’enfuit, en cachant sa figure de ses deux mains. Ce cri fut tel que les moutons en prirent la fuite tous ensemble, vers l’autre bout du pâturage, et que Pataud, le chien, bien surpris, ne pouvant pourtant aboyer contre Pierrille ni mordre les mules du moulin, se prit à japper avec fureur contre une alouette qui descendait.

— C’est une drôle de fille que cette Miette, se disait Pierrille en s’éloignant. Est-il permis de crier ainsi, et ma-t-elle pris pour le diable ? Je voudrais savoir à quoi elle songeait. Elle a sûrement un chagrin.

Alors il chercha quel chagrin ce pouvait être. C’était une fille douce et raisonnable que la Miette, et qui faisait beaucoup de besogne et peu de bruit. Quand les autres parlent à casser la tête, elle, le plus souvent, ne disait rien. On ne la remarquait guère ; cependant, elle était gentille, et ce qui était certain, c’est qu’elle avait un air à elle toute