Page:Leo - Legendes correziennes.djvu/17

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méridional, aux yeux brillants, au front austèrement ceint d’un bandeau, qui le couronne, en cachant la chevelure ; cette race douce, ignorante et forte, chez qui la pensée sommeille à l’état de rêve, m’inspiraient une curiosité pleine d’intérêt. Souvent, j’allais dans la campagne m’asseoir au seuil de quelque chaumière, ou dans un comité de berbères effarouchées ; quelquefois, debout près d’un paysan courbé sur sa bêche, je m’efforçais d’apprivoiser sa défiance et sa réserve, et d’amener sur ses lèvres ce qu’il avait dans l’esprit.

Je finis par gagner l’intimité d’une de nos voisines, quon appelait la Chambelande, et qui, depuis midi jusqu’au crépuscule, se tenait assise à sa porte, filant sa quenouille et tournant son fuseau. C’était une femme de soixante ans. Elle avait de l’’aplomb et de l’intelligence, beaucoup de bienveillance et de simplicité. Moins défiante que les autres, elle comprit vite ce que je voulais, et m’allant quérir un escabeau, qu’elle posa près du sien :