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Page:Leo - Legendes correziennes.djvu/174

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donc cela qui la rendait si fâchée ? fâchée jusqu’à en pleurer ! Mais alors elle l’aimait donc un peu la Miette ? un peu seulement ; car il voyait encore ce regard plein de colère qu’elle lui avait jeté… Oui, mais d’où cette colère pouvait-elle venir, sinon d’amour ? Et même, l’amour au fond s’y laissait bien voir. Cependant, elle n’avait pas voulu se laisser embrasser, elle ; car elle était fière… et honnête…

Il n’eût su dire ce qu’il avait ; mais il rentra au moulin dans un trouble beaucoup plus grand qu’il n’en était parti. Ce n’était plus la même chose. Il y avait dans son cœur des milliers de voix joyeuses qui chantaient, comme un carillon de cloches, à l’aube, dans l’air sonore et pur. Aimait-il la Miette ? Il n’en savait rien ; il n’y avait jusque-là jamais pensé ; pourtant, il se sentait remué jusqu’au fond de l’âme par l’idée que cette fille l’aimait.

Et maintenant, pour tout au monde, Pierrille eût voulu ne plus rencontrer la