Aller au contenu

Page:Leo - Legendes correziennes.djvu/193

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rait. Ce qui surtout l’enrageait, c’était que cette fille eût une bonne réputation, sachant bien que pour elle, la Marianne, il n’en était point ainsi. Elle pensait, d’ailleurs, que chez Miette ce n’était qu’hypocrisie ; les mauvais n’imaginant pas qu’on fasse le bien par nature et par plaisir. Et, sur cette idée, elle se croyait le droit de la détester ; — car c’est des manières diverses de sentir et de comprendre que vient le tohu-bohu de ce pauvre monde.

Comme on était avancé dans le printemps, que la lune venait de renouveler et que le temps paraissait au beau, la Marianne se décida de faire sa lessive. On sait que dans les bonnes maisons la chose n’a guère lieu que deux fois par an. Et, Dieu merci, la Marianne en avait assez dans ses armoires de linge entassé, tant par ses parents que par son mari, et par elle-même, depuis qu’elle était en ménage. Elle aurait bien pu ne faire la lessive qu’une fois par an ; mais tout ce linge au grenier l’ennuyait, et elle n’aimait